Elle ressemble à une méduse, flotte à la surface comme une fragile bulle irisée, mais cache en réalité une arme redoutable. La galère portugaise, surnommée « fausse méduse », s’invite désormais en Méditerranée, attirant la curiosité… et la méfiance. Derrière son allure fascinante se cache un organisme collectif capable de piqûres extrêmement douloureuses.
Un organisme qui n’en est pas un
Contrairement aux apparences, la galère portugaise n’est pas une méduse. C’est un siphonophore, un superorganisme composé de plusieurs polypes spécialisés qui coopèrent comme les organes d’un corps. L’un sert de flotteur, un autre se charge de la digestion, d’autres encore de la défense. Ce ballet d’unités fusionnées donne naissance à un être complexe, capable de dériver des milliers de kilomètres au gré des vents et des courants.
Son flotteur translucide, teinté de bleu ou de rose, se dresse à la surface comme une voile miniature. Mais le plus impressionnant – et dangereux – se cache sous l’eau : des tentacules filiformes qui peuvent dépasser les 20 mètres, invisibles aux yeux des baigneurs.
Un venin redoutable
Chaque tentacule est tapissé de cellules urticantes capables d’injecter un venin puissant. Chez l’humain, le contact provoque une douleur fulgurante, comparable à une brûlure au fer rouge. Les marques laissées sur la peau dessinent parfois des stries en forme de fouet. Dans les cas les plus sévères, la piqûre peut entraîner malaise, difficultés respiratoires ou troubles cardiaques.
Particularité inquiétante : même échoués sur le sable, les filaments restent dangereux plusieurs jours. Toucher une physalie morte peut donc être aussi risqué que croiser ses tentacules dans l’eau.
Une nouvelle venue en Méditerranée
Habituellement observée dans les mers tropicales, la galère portugaise apparaît de plus en plus souvent en Méditerranée. Portée par les vents et les courants, elle dérive jusqu’aux côtes catalanes, corses ou sardes, au point de provoquer parfois la fermeture temporaire de plages.
Ce phénomène, encore ponctuel il y a quelques décennies, semble s’intensifier avec le réchauffement climatique qui modifie les équilibres océaniques. L’arrivée de cette « fausse méduse » rappelle que la Méditerranée, mer semi-fermée et fragile, est un espace particulièrement sensible aux changements globaux.
Comment la reconnaître ?
- Elle flotte à la surface, entraînée par le vent, tandis que les méduses nagent sous l’eau par pulsations.
- Son flotteur coloré évoque une petite voile translucide.
- Ses tentacules sont invisibles à l’œil nu, mais peuvent mesurer plusieurs dizaines de mètres.
- Même morte, elle reste dangereuse, contrairement aux méduses méditerranéennes classiques.

Les bons gestes en cas de piqûre
- Quittez immédiatement l’eau, sans frotter la zone touchée.
- Retirez les éventuels filaments avec une pince, un bâton ou une carte rigide – jamais à mains nues.
- Rincez uniquement à l’eau de mer. L’eau douce, l’alcool ou le vinaigre aggravent la brûlure.
- Appliquez du froid (compresse ou glace enveloppée) pour apaiser la douleur.
- Surveillez les signes de gravité (malaise, difficultés à respirer, douleurs thoraciques) et appelez les secours si nécessaire.
Mieux vaut prévenir que guérir
- Restez attentif aux consignes des maîtres-nageurs et aux drapeaux violets signalant des créatures urticantes.
- Évitez de vous baigner les jours de vent d’est, qui favorise leur arrivée sur les plages.
- Ne touchez jamais une galère portugaise échouée, même si elle semble inoffensive.
La galère portugaise est un organisme à la fois magnifique et redoutable, symbole de la puissance et de la fragilité des océans. Sa présence croissante en Méditerranée témoigne des bouleversements en cours dans nos mers. Apprendre à la reconnaître, à s’en protéger et à respecter son espace est la meilleure façon de concilier fascination scientifique et sécurité des baigneurs.